Le marché de la cigarette électronique est un marché florissant et ce n’est pas fini, avec une croissance annoncée de 16% par an (CAGR) sur la période 2016-2022, pour un marché potentiel de 27 milliards de Dollars (source).
Il est aussi en plein balbutiement, et à ce titre même si quelques us et coutumes existent déjà, il reste encore beaucoup à faire pour asseoir ses fondations…

A ce titre, aiguiser notre esprit critique en tant que consommateurs me semble essentiel, afin de discerner le factuel du sensationnel, que ce soit dans la presse généraliste ou spécialisée.

Dans ce cas précis, je décide de prendre ma plume pour monter au créneau et défendre ce que je crois être juste, d’autant plus que je vois un article tenant plus du procès d’intention gratuit que d’une véritable réflexion globale sur le sujet.
Loin de moi l’idée de remettre en cause la qualité reconnue de ce media professionnel, ni la plume de l’auteur de la publication en question mais cet article m’a vraiment interpelé.
Je viens ici simplement vous donner une autre grille de lecture afin que vous vous fassiez votre propre idée sur la question. Et j’en profite pour vous faire découvrir ce professionnel mis en cause, autrement, accusé injustement il me semble, d’autant plus qu’il ne peut se défendre, n’étant pas francophone.
Personne ne m’a rien demandé, j’agis en mon nom propre.

La problématique de la pénurie organisée n’est pas propre à la vape et s’applique à de nombreux biens de consommation. C’est une problématique passionnante, le titre de l’article laisse à penser qu’il s’agit d’une réflexion globale sur la question. Que nenni.

Tout commerce est régi par la loi de l’offre et de la demande.
La rareté n’est qu’un élément la plupart du temps subsidiaire, pouvant jouer si la qualité du produit est au rendez-vous.

Du côté de l’Offre, l’entreprise ou l’artisan décide quoi vendre, comment et en quelle quantité le vendre et à quel prix. Ce sont ses choix et c’est son Droit.

Les faits du côté de l’offre:

-Le Narda est un dripper du modeur Nareg Tatian, qui existe depuis bientôt 2 ans sur le marché.
-Le modeur fabrique tous ses modèles lui-même, sans rien outsourcer, c’est à dire en ne faisant rien produire par des sous traitants. Il est seul derrière ses machines.
Je précise qu’il me semble que ce n’est pas son métier.

-D’où une production faible, autour de 1500 exemplaires depuis sa création pour les séries numérotées, ce qui n’est tout de même pas rien.

-Ce dripper est vendu à 99 Dollars (source), soit un prix tout à fait raisonnable pour un dripper de cette qualité. Des frais de port, voire de douane s’appliquent en sus.

-Le modeur n’a jamais fait de publicité pour attirer le chaland, c’est le bouche à oreille phénoménal des vapoteurs qui en ont acquis un, qui a crée tout cette publicité autour du Narda.

Les faits du côté de la Demande :

-Le Narda est un dripper particulièrement bien pensé offrant un rendu des saveurs unique dans sa catégorie, une optimisation de la chambre d’atomisation et de l’orientation optimisée du flux d’air tapant sur la résistance. Il offre aussi une cuve conséquente ainsi que la possibilité de le monter en BF (Bottom Feeder).
Conçu strictement pour du mono-coil, il s’est rapidement détaché de la concurrence de par le design original de son plateau ainsi que de par le positionnement des air flows.

-Les premiers acquéreurs ont construit la notoriété du Narda en partageant sur leur groupes FB, blogs et autres media.
Telle une boule de neige, de plus en plus de personnes se sont mis en quête d’obtenir ce dripper.

-Pour l’acheter, les vapoteurs contactaient au tout début le modeur directement. Victime de son succès et compte tenu d’une quantité toujours limitée, le modeur a décidé d’utiliser FB comme canal de communication privilégié pour tenir les vapoteurs de la première heure intéressés de l’actualité de la marque.

Résultats :

-La demande est toujours largement supérieure à l’offre, plus d’1 an après sa sortie.
-Le prix de vente n’a pas bougé d’un iota chez le modeur malgré son succès.

Alors que dans le même temps :

-On trouve sur certains site ou page FB le dit Narda pour des sommes astronomiques , et ce non vendu par le modeur lui-même mais par des vapoteurs, voire quelques professionnels…

-Il est uniquement vendu sur le site internet officiel du modeur où tout est intégralement acheté en quelques minutes, sinon sur les sites de trocs entre particuliers ou dans le cadre de CGs (commandes groupées) via des groupes FB.

Alors :

-Les vapoteurs qui achètent du matériel pour le “flipper”ou faire des “raffles” (lotteries), c’est à dire profiter de sa rareté pour le vendre très cher et ainsi empocher la différence à leur profit, cela a toujours existé dans la vape.
C’est exactement ce que certains tristes sires font pour le Narda comme ils le font régulièrement pour d’autres matériels de vape.

Vous rappelez-vous de la marque Caravela Mods ? Où les tubes étaient vendus par Pedro environ 150 euros, il n’était pas rare de voir ces mêmes tubes vendus à plus de 1 000-1500 euros sur des sites spécialisés.
Que s’est il passé ?
Le modeur en a eu marre de voir toute cette spéculation sur son travail, sans parler de la contrefaçon. Il a crée un fichier de traçabilité des propriétaires et ce pour chaque numéro de série, en demandant aux personnes qui les rachetaient ensuite de s’enregistrer.
Cela n’a pas suffi et un jour il a tout bonnement décidé d’arrêter de produire les Caravela, au grand dam de ses fans.

Vous l’aurez compris, ce n’est en aucun cas l’artisan qui touche l’argent mais bien un certain type de client qui en profite pour s’enrichir.

Je ne comprends donc pas, ni ne peux cautionner qu’on reproche à l’artisan les pratiques douteuses de quelques consommateurs.

Dans le cas du Narda, on a pu voir effectivement des personnes les mettre en vente à des prix dingues tout simplement pour profiter de l’impatience légendaire et du caractère compulsif des vapoteurs passionnés.
Ne nous trompons donc pas de cible !

-Il y a eu des cas d’ entreprise ou de modeurs qui ont profité de leur succès pour gonfler leur prix de vente mais en l’occurence, ce n’est pas le cas pour celui ci, sauf véritable preuve tangible du contraire.

-Le modeur a toujours souhaité produire lui même ses modèles et superviser lui même les ventes , c’est son choix. Autant cela peut nous frustrer en tant qu’acheteurs potentiels, mais chacun est libre, n’est ce pas ?
Mon avis en tant que consommatrice est qu’il aurait peut-être pu décider d’investir dans du personnel, des machines, voire de sous traiter la production pour satisfaire la demande et vivre rondement tant que la hype sur le produit est forte.
Peut-être s’inquiète- t-il que la qualité du produit fini en pâtisse, je n’en sais fichtrement rien, c’est simplement ce que j’imagine pour le coup en tant que cliente.

-Personne n’est obligé d’acheter le Narda, ni ses successeurs. Il est vrai par contre que ce n’est pas simple de l’acquérir comme tout un chacun, je peux en témoigner.

La suite des faits :

-Le modeur a crée un canal de communication privilégié avec sa page FB, pour donner toutes les actualités quant à sa marque.
Etant donnée sa très faible capacité de production, il continue à ne pas faire de pub et garde son groupe secret pour ne pas créer plus de frustration.
Il annonce les dates de vente, voire les pages horaires (souvent en pleine nuit pour nous européens d’ailleurs).
On intègre ce groupe régulièrement lors des portes ouvertes , quand nos amis vapoteurs qui en ont achetés un vous cooptent pour intégrer la page.

-Afin d’améliorer la productivité, il a décidé de créer une série de decks non sériés vendus seuls, ainsi que des top cap en ultem, SS ou transparents selon les envies.

-Il a même accepté des CGs dans plusieurs groupes Facebook de référence de par le monde, comme çà a été le cas de Vap N Sam pour le France en Décembre 2015 qui a offert l’opportunité à ses followers de pouvoir l’obtenir et ce, de façon privilégiée.

-Ayant crée 3 modèles différents: NarDA, NarBA, et NarTA; le modeur demande régulièrement à ses followers leurs souhaits, à savoir lequel des 3 , ils souhaitent en priorité.

-De la même façon, le modeur limite la vente à 1 par personne, et demande à ses followers de ne pas jouer de subterfuge pour en acquérir plusieurs d’un coup, tout cela afin de s’assurer qu’un maximum de personnes soient servi.

-Enfin, il alerté à de nombreuses reprises qu’il refuserait de vendre à quiconque serait pris en train de revendre pour spéculation ses modèles.

Mon témoignage :

Comme tout vapoteur et passionnée de vape, j’avais le choix entre débourser des sommes folles pour acquérir l’objet de mes envies, ou rentrer dans la longue file des gens désireux de l’acheter par les voies traditionnelles.
C’est le cas pour de nombreux matériels de vape, que ce soit des box, tubes ou atos/drippers
J’ai donc suivi les posts des heureux acquéreurs, me suis renseignée sur le modus operandi, puis attendu patiemment que 2 amis dans le groupe me cooptent pour entrer.

Est-ce que rentrer dans ce groupe vous assure-t-il la possibilité de l’acheter à coup sûr ?
Non, et absolument non, il ne fait que renseigner sur la possible imminence d’un créneau horaire pour une prochaine mise en vente, souvent en pleine nuit d’ailleurs pour le plus grand malheur de notre sommeil.

Au lieu d’aller aléatoirement sur le site avec 99% de chance de trouver une page en rupture de stock, vous êtes prévenus d’un possible créneau horaire où, soyez assurés, vous serez des milliers à prendre d’assaut l’URL l’heure venue en même temps.

J’ai du passer presque 8 mois à me casser le nez, à taper F5 sur mon clavier et à me dépêcher aussi vite que je pouvais pour finaliser mon panier; et à chaque fois, malgré ma rapidité c’était trop tard, ou le serveur plantait.
Alors, après des caisses de frustration à chaque tentative infructueuse et des mois d’attente, j’ai finalement réussi à finaliser l’achat dans les temps avec de la chance et à obtenir mon cher Narda pour le prix de 95 dollars hors FDP.

Comment est il ? Fidèle à mon souvenir quand je piquais allègrement celui de mon ami, et avec une pointe de meilleur de par l’attente et les trésors de patience qu’il m’a fallu développer pour l’obtenir.

Conclusions :

Le modeur est-il heureux de voir une partie de sa production tomber sous le coup de la spéculation, alors qu’il a fait lui-même le choix de maintenir le prix constant ?
Je pense que pour le coup, cela doit le rendre furibard et il s’est déjà d’ailleurs exprimé à ce sujet lui même.
Est ce que comme Pedro de Caravela, il va un jour claquer la porte et en avoir marre que d’autres se taillent la part du lion sur son dos ? Peut être mais bien sûr, je ne l’espère pas.

La problématique que nous soumet l’auteur dans son titre est-elle réelle ?
Oui, et le sujet mérite amplement d’être investigué d’un point de vue général et appliqué à la vape.
Quitte à donner des exemples même si je ne suis pas fan de cette façon de faire, il y a, en l’occurence, de vrais exemples en la matière que les passionnés ont gardés en mémoire.

Est-ce qu’à mon sens, le choix de n’aborder le problème uniquement que par le biais d’un exemple basé sur des ouïs dires, et quelques témoignages est une approche suffisamment prudente et sérieuse ?
J’en suis tout sauf convaincue et cela me parait plus qu’hasardeux, voire même dangereux.
Vu la richesse de la problématique à explorer et la plume de l’auteur, le sujet aurait mérité plus qu’un article à charge contre une cible gratuite.

Je ne fais que partager ici mon analyse basée sur mon expérience en tant qu’acheteuse de ce dripper et membre du groupe FB en question, ni plus ni moins. Je n’ai aucun intérêt à défendre le modeur, je veux juste vous soumettre ma propre expérience et les faits que j’ai en ma possession pour que vous vous fassiez votre propre avis.

Je souhaiterais que quitte à aborder ce sujet, cette problématique soit véritablement traitée dans sa globalité, en explorant toutes les pistes nécessaires.

J’aimerais aussi que la personne incriminée soit informée par l’auteur de la publication ou le media lui-même, et ce dans sa langue afin qu’elle puisse, si elle le souhaite prendre connaissance de l’article et exprimer son droit de réponse. D’autant plus quand on émet des accusations potentiellement graves, ou jetant un potentiel discrédit sur une personne/activité.
C’est à l’accusateur de prouver la culpabilité de la personne qu’il met en cause et non à la personne incriminée de prouver son innocence…

PS : “Rabbit or duck?” Lapin ou canard ? Ou 2 façons d’interpréter le même propos
PS 2 : Lien vers l’article qui m’a conduit à écrire le mien : https://fr.vapingpost.com/certaines-pieces-rares-de-la-vape-sont-elles-issues-dune-penurie-organisee/